Le syndrome d'imposteur

J'aime mon syndrome d'imposteur.

Certes, il n'est pas confortable. Ce petit sentiment qui me murmure à l'oreille que peut-être je ne mérite pas d'être là où je suis, que j'ai réussi par chance ou que les autres vont finir par découvrir que je ne suis pas à la hauteur.

Pourtant, j'ai appris à apprécier ce syndrome d'imposteur qui m'habite parfois. Il me challenge et me motive à donner le meilleur de moi-même. Il m'empêche de me complaire dans une zone de confort trop étroite et me pousse à constamment enrichir mes connaissances et compétences.

Un allié inattendu

Et vous, à quoi vous servent vos pensées d'imposture? Les avez-vous déjà observées sous un angle différent ?

Et si ces pensées, plutôt que d'être uniquement une source d'anxiété, vous permettaient d'avoir de meilleures relations avec les autres et de naviguer plus habilement des interactions délicates ?

Les recherches menées par Basima A. Tewfik, professeure au MIT, offrent une perspective rafraîchissante. Ses travaux démontrent que les individus ayant des pensées d'imposture sont souvent perçus par les autres comme possédant de meilleures aptitudes relationnelles. Plus surprenant encore: ces pensées n'auraient pas d'impact négatif sur la performance professionnelle.

Au-delà des idées reçues

Une croyance largement répandue suggère que les femmes et les membres de groupes minoritaires seraient davantage touchés par le syndrome de l'imposteur. Or, saviez-vous qu'aucune recherche scientifique ne confirme cette affirmation ?

"Les hommes blancs semblent avoir autant de pensées d'imposture que les femmes et personnes de couleur", ( Tewfik)

Ce qui entretient cette perception erronée serait plutôt une confusion conceptuelle, un faux diagnostic. Tewfik nous invite à faire une distinction essentielle entre :

• Le syndrome de l'imposteur: "Mes collègues me pensent plus intelligent que je le suis"

• Un manque de sentiment d'appartenance: "Je pense que les autres doutent de ma légitimité ici ou que je sois assez compétent pour ce poste"

  
  

Cette distinction est fondamentale, car elle pointe vers des expériences différentes qui appellent des interventions distinctes.

Que faire face à ces pensées ?

Lorsqu'une pensée d'imposture se manifeste, je vous propose cette démarche en deux temps:

1. Identifiez précisément la nature de votre pensée:

   • S'agit-il réellement d'une pensée d'imposture ou plutôt d'un sentiment de non-inclusion ?

   • Cette pensée cache-t-elle un besoin d'appartenance, de connexion ou de validation ?

2. Adoptez une stratégie adaptée:

   • Si c'est une pensée d'imposture: explorez son utilité potentielle. Que vous permet-elle ? Comment pouvez-vous l'accueillir sans ajouter de la souffrance à la souffrance ?

   • Si c'est un sentiment de non-inclusion: identifiez vos besoins d'appartenance et les actions concrètes que vous pourriez entreprendre.

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Un outil pour les gestionnaires

En tant que gestionnaire d'équipe, cette distinction peut transformer votre approche. Face à un collaborateur qui exprime des doutes sur ses compétences, prenez le temps de discerner: s'agit-il d'un syndrome d'imposteur classique ou d'un sentiment de non-inclusion dans l'équipe ?

La réponse orientera votre intervention: dans le premier cas, vous pourriez valoriser les compétences relationnelles que ces pensées peuvent développer; dans le second, vous auriez plutôt à réfléchir aux pratiques inclusives au sein de votre équipe.

J'ai appris à voir mon syndrome d'imposteur comme un indicateur, parfois inconfortable, mais souvent précieux, qui m'aide à rester humble, curieuse et connectée aux autres. Et vous, comment percevez-vous le vôtre ?

Inspiré des recherches de Basima A. Tewfik publiées dans Harvard Business Review France.